Comment les cadres de l’Anglo Irish Bank ont dupé le gouvernement irlandais

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Comment les cadres de l’Anglo Irish Bank ont dupé le gouvernement et les citoyens irlandais pour les convaincre de se porter au secours de la banque.

Crédit : Express.be

Irish BankLe peuple irlandais qui a sacrifié sa souveraineté et des milliards d’euros s’est réveillé hier avec la gueule de bois, compte tenu des révélations de l’Independent. Le journal a publié l’enregistrement sonore d’une conversation téléphonique entre deux cadres de haut niveau de l’Anglo Irish Bank, John Bowe, qui dirigeait le service des marchés de capitaux, et le directeur du département de banque de détail, Peter Fitzgerald. Au cours de la conversation, Bowe, qui a participé aux négociations avec la banque centrale pour le sauvetage de l’Anglo Irish Bank, lui raconte en riant comment l’équipe de direction de la banque a convaincu le gouvernement de se porter à son secours pour des milliards d’euros, n’hésitant pas à employer des chiffres fantaisistes pour s’assurer de son accord (Fitzgerald n’avait pas participé à ces tractations).

L’enregistrement provient du propre système téléphonique de la banque et il date du cœur de la crise financière de 2008. A cette époque, l’Anglo Irish Bank s’était retrouvée en quelques jours au bord du dépôt de bilan. Par la suite, il devrait en coûter 30 milliards d’euros aux contribuables irlandais pour la sauver. 

Au cours de la conversation, Bowe explique à son collègue comment la banque a rusé en ne réclamant initialement qu’une somme de 7 milliards d’euros à l’Etat irlandais, alors que ses dirigeants savaient déjà que le montant réellement nécessaire était largement supérieur à cette somme. La stratégie des banquiers était de convaincre l’Etat d’accepter de se porter au secours de la banque, et de faire payer cette charge aux contribuables, en leur expliquant que c’était pour leur propre bien.

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Ils ont spéculé qu’une fois que l’Etat aurait commencé à payer, il n’aurait plus été capable de s’arrêter. Ce qui importait donc, c’était de convaincre le gouvernement que ce sauvetage était faisable. Alors qu’on lui demande comment ils ont déterminé le chiffre de 7 milliards d’euros, Bowe se met à rire et il on l’entend dire sur l’enregistrement : « Comme Drummer [David Drumm, qui était alors le CEO de l’Anglo Irish Bank] le dirait lui-même, il est sorti de mon cul ».

« S’ils [la banque centrale] voient d’emblée l’énormité [des difficultés de la banque], ils vont peut-être décider qu’ils ont un choix à faire. Tu vois ce que je veux dire ? Ils pourraient dire que le coût pour le contribuable est trop élevé… Si ça ne semble pas trop important au début, assez pour être important, mais pas au point de tout remettre en cause, alors je pense que l’on a une chance. Je pense donc qu’il pourra être augmenté sournoisement », explique Bowe. « Ouais », répond Fitzgerald. « Ils mettent leur peau en jeu, et c’est ça, la clé ».

Dans l’enregistrement, on entend également Bowe et Fitzgerald rire ensemble en se disant qu’il serait irréaliste de croire que les prêts accordés à la banque pourraient être remboursés un jour.

« Pour la première fois, les contribuables peuvent avoir un aperçu exclusif des manigances banquières qui ont coûté sa souveraineté à l’Irlande », conclut amèrement le journal. En février de cette année, on a appris que le gouvernement irlandais a procédé en urgence à la liquidation de l’Irish Bank Resolution Corporation (IRBC), qui regroupait l’Anglo Irish Bank (qui avait été nationalisée en 2009) et Nationwide (nationalisée en 2010).

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