Les structures d’adaptation
Un article de Georges Zouridakis.
Pour nous adapter à des situations difficiles, nous avons tous appris à nous protéger de la souffrance en développant des stratégies de défense. On retrouve cinq grandes catégories, déclinées chacune d’une manière particulière pour chacun mais semblable dans leur forme générale. Nous utilisons tous, toutes les stratégies dans un mélange qui nous est propre. Nous privilégions cependant plus particulièrement une ou plusieurs stratégies en relation aux expériences de vie que nous avons traversées. Ces stratégies de défense sont la réponse donnée dans la confrontation à des expériences ou des situations où nous nous sommes sentis impuissants :
SCHIZOÏDE : la fuite
Puisque je ne peux rien y faire, je laisse tomber de vais me réfugier quelque part en moi-même dans un monde que j’ai crée et où je me sens en sécurité. Je me coupe de l’extérieur (en utilisant éventuellement un produit, alcool, drogue, …)
Juliette vient en sentant une angoisse en elle. C’est comme un morceau de plomb très lourd qui lui oppresse la poitrine. A l’intérieur de ce morceau de plomb elle se voit elle-même dans une sorte de cocon. C’est bon d’être à l’intérieur. Juliette a été prise en otage affectif par ses parents divorcés depuis sa naissance. Oui, elle bien dans ce cocon où elle peut enfin souffler sans se sentir devoir s’occuper de personne ! « Je me sens bien là » dit-elle avec un sourire triste car elle se rend compte aussi de la souffrance que cela représente pour elle.
ORAL : la possession
La focalisation est centrée sur le manque. La peur de manquer. Manquer d’affection et par extension de nourriture, d’argent. La peur identifie un aspect ou l’autre comme vital, essentiel, sans lequel il est impossible de vivre. Toute la stratégie consiste alors à tenter de ne rien perdre, d’avoir suffisamment (d’affection, de nourriture, d’argent, etc …) Toutes les sources de nourriture affective ou matérielle sont sévèrement surveillées, dans la tentative de les posséder pour les garder toutes à soi.
Nelly souffre d’une inquiétude affective profonde. Sa mère ne la désirait pas. Elle a traversé de nombreuses épreuves et se retrouve maintenant dans un travail où elle aide d’autres à traverser leurs propres épreuves. Elle utilise son travail pour créer un réseau affectif autour d’elle qui la sécurise. Sans s’en rendre compté elle est très possessive et jalouse. Elle est continuellement blessée par ce qu’elle perçoit comme de l’ingratitude quand certains prennent un peu de distance avec elle.
MASOCHISTE : la vengeance
La stratégie masochiste est une réponse à un abus d’autorité ou de pouvoir subis dans des circonstances où la personne se trouvait dans l’incapacité de rendre les coups. Il y a une énorme colère d’avoir dû subir ce qui paraît être une injustice flagrante. Cette colère n’ayant pu s’exprimer est restée présente à l’intérieur et cherche les moyens, à l’extérieur, pour s’exprimer. La personne va systématiquement rechercher dans la réalité tout ce qui de près ou de loin représente à son sens un abus, quitte à provoquer les circonstances qui rendent cet abus manifeste, pour pouvoir ensuite le dénoncer soit en victime soit comme juge et bourreau.
Marc est dans une recherche personnelle qui le met en porte-à-faux avec son environnement familial et social. Il sait que sa recherche est valable et juste mais les autres, dit-il, le prennent pour un fou. Il va exposer ses idées à des personnes incapables d’accueillir son modèle et essuie ainsi l’incompréhension et le rejet dont il a toujours été coutumier. Alors que par ailleurs d’autres gens en dehors de son entourage sont parfaitement réceptif à sa sensibilité. Mais ce n’est pas à eux que Marc s’intéresse. C’est ceux qui ne peuvent pas comprendre qu’il veut persuader. Comme quand il était enfant et que ses parents ne le comprenaient pas.
Lucien a des difficultés avec l’argent. Il ne parvient pas à le gérer. Il se trouve systématiquement en retard de payement et est obligé de payer des amendes qui le mettent en rage. Il s’estime victime d’un « système » injuste en ne se rendant pas compte qu’il fait tout pour que cela arrive.
PSYCHOPATHE : la manipulation
La peur de n’être plus reconnu équivaut à une non-existence et pousse à vouloir que tout soit parfait pour qu’il n’y ait aucune faille, source potentielle de critique insupportable. La personne se démène tant et plus pour atteindre cette perfection qui seule la rassure. Il veut être aimé et apprécié, faire reconnaître sa valeur par tous ceux qu’il rencontre. Il s’épuise la plupart du temps à cette tâche. Tous les moyens sont bons pour y arriver, même les plus inavouables.
Michel a une sécurité de base déficiente. Il doute de sa valeur. Son père absent a poussé sa mère à le prendre comme appui. Il s’occupe en plus de son petit frère. Il est possédé par une ambition dévorante qui le pousse à relever des défis de plus en plus importants. Il arrive à créer une approche basée sur la volonté et la discipline qu’il a si bien utilisée. Il est reconnu et apprécié par une cour qu’il a crée autour de lui et sur laquelle il semble régner. Malgré cela il reste insatisfait et continue d’avoir peur. Il cache ce qu’il est vraiment pour que les autres continuent de croire au personnage qu’il a crée.
Brigitte est une perfectionniste. Elle ne supporte pas qu’on lui fasse la moindre critique et essaye donc que tout soit toujours parfait. Elle est particulièrement appréciée pour cela dans son travail où elle obtient cette reconnaissance qui lui est si chère. A la maison cependant, le contrôle constant qu’elle exerce sur elle-même et sur les autres est ressenti comme pesant. Elle éprouve de grandes difficultés à se « laisser aller ». Lâcher prise équivaut pour elle à se mettre en danger. Elle ne comprends pas pourquoi sa famille ne l’apprécie pas d’avantage alors qu’elle fait tout pour elle. Elle ne se rend pas compte qu’en se «défonçant » au travail et n’a plus beaucoup de temps et d’énergie quand elle rentre à la maison. Oui, tout est en ordre, il y a toujours ce qu’il faut, mais il n’y a aucune joie véritable. Epuisée et désespérée elle boit en cachette.
RIGIDE : le contrôle
Les personnes avec un système de défense à majorité rigide ne supportent pas l’à peu près. Les choses sont noires ou blanches. Il n’y a aucune souplesse car ce système tente de verrouiller la réalité dans des structures dogmatiques, posées une fois pour toutes et qui ne doivent jamais être remises en question. Derrière ces dogmes il y a souvent un être sensible qui a trouvé ce moyen pour se protéger. Mais, en général, la personne préfèrerais mourir que de reconnaître cette vulnérabilité en elle. La structure rigide construit une sorte de forteresse autour de la personne qui effectivement la protège mais qui la garde aussi prisonnière, incapable de communiquer.
Il n’y a pas d’exemple de thérapie à citer, car ce genre de personne ne vient pas en thérapie.
Références à lire: Auteur : Annie MARQUIER
Editeur : Universelles du Verseau
ISBN-10 2-9806301-6-0
ISBN -13 : 978-2-9806301-6-3