Monsanto connaissait le lien entre Roundup et cancer

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Dans des documents internes, l’entreprise Monsanto fait elle-même le lien entre son désherbant très populaire Roundup et le cancer, indiquent mardi le magazine Knack et le périodique néerlandais OneWorld, deux médias qui ont pu voir les documents du géant américain de la biotechnologie.

L’un de ces documents est un PowerPoint de juillet 2008. « Le Roundup influence une des phases cruciales de la division cellulaire », peut-on y lire, « ce qui pourrait à long terme mener au cancer ». Ces documents internes de présentation contiennent aussi les conclusions du biologiste français Robert Bellé. Les résultats de son étude, publiés en 2002 dans le magazine scientifique Chemical Research in Toxicology, démontrent que le Roundup peut endommager l’ADN des cellules, dans des dosages bien moindres que ce qu’utilisent agriculteurs et jardiniers amateurs. Des e-mails internes laissent entrevoir que Monsanto considère les résultats de Bellé comme un problème sérieux.

Les documents en question ont été évoqués lors d’un procès en Californie où un millier de personnes, essentiellement des agriculteurs, affirment avoir développé un cancer des glandes lymphatiques à cause du Roundup.

Les risques qu’induirait le Roundup sont actuellement au coeur d’une polémique. En mars 2015 un groupe d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a conclu que le glyphosate, le constituant le plus important du Roundup, est « probablement cancérigène » pour l’homme. L’Agence européenne de la sécurité alimentaire (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) n’ont pas suivi cette conclusion et considèrent le glyphosate comme sans danger.

L’Union européenne est sur le point de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate. C’est en tous cas ce que la Commission européenne propose aux Etats membres. La proposition fait pour le moment l’objet d’âpres négociations en coulisses. On devrait décider en décembre si l’herbicide le plus utilisé d’Europe reste sur le marché.

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